Comment faire un film sur un tel système carcéral et les émotions les plus crues, comme la peur, la terreur, la haine, le dégoût, la honte, la douleur, l'impuissance, la faiblesse, l'ennui, la résistance, l'espoir et la force ? La réponse est venue d'eux, des survivants eux-mêmes. Dans Tadmor, ils nous ont guidés et nous les avons suivis.
En un extraordinaire élan de collaboration et de confiance, s’appuyant sur une relation de plusieurs années, ces hommes étaient prêts à affronter – ensemble - leur passé commun.
Les mots seuls ne pouvaient pas décrire la cruauté de leur détention. Les mots seuls ne pouvaient exorciser ce terrible passé. Finalement, ils ont choisi de le remettre en acte. Ils voulaient le revivre.
Ensemble, nous avons cherché un endroit où ils pourraient reconstruire leurs cellules collectives et d’isolement. Ensemble, nous avons développé les scènes qu'ils allaient revivre. Ensemble, nous avons préparé chaque phase du tournage.
Dans Tadmor (Palmyre), vingt-deux hommes évoquent leurs histoires individuelles et collectives de torture et de survie. Ils parlent pour eux-mêmes, mais aussi pour ceux qui tentent, aujourd’hui encore, de survivre aux mêmes tortures et humiliations systématiques.
À PROPOS
SYNOPSIS
À la suite du soulèvement populaire contre le régime syrien en 2011, un groupe d’anciens détenus libanais décide de rompre le silence sur leurs longues années passées dans la prison de Tadmor (Palmyre), l’une des plus terribles du régime des Assad. Ils choisissent de témoigner au grand jour des tortures systématiques et des humiliations subies. Pour se réapproprier ce chapitre sombre de leurs existences et le dépasser, ils reconstituent Tadmor dans une école abandonnée près de Beyrouth. En endossant cette fois le rôle des « victimes » et celui des « bourreaux », ils vont y revivre ce à quoi ils ont survécu.
NOTE DES RÉALISATEUR
Lorsque j’étais dans la prison de Tadmor, je pensais que ma vie était finie... La peur, la maladie, la défaite... Humiliation sur l'humiliation sur humiliation... Les mots ne peuvent décrire la brutalité que j'ai vécue... La vie m’échappait... Nous sommes revenus de l'enfer... La liberté est aussi précieuse que l'âme... Pour les détenus qui souffrent encore : que Dieu vous sorte de là...
Ce sont les mots que nous avons entendus en 2012, lorsque nous avons commencé nos travaux de recherche pour Tadmor (Palmyre). Ce sont les mots que prononçaient un groupe d’hommes pour décrire la prison de Tadmor dont ils ont survécu. Tadmor avait un but unique : la destruction totale de ses détenus, physique et psychologique.
Ali. Saad. Moussa. Raymond. Moustafa. Rashid. Elias. Camille. Marwan. Jamal. Jamil. Yahya. Darwish. Ali. Jalal. Saeb. Houssein. Mohammad. Fouad. Ibrahim. Mahmoud. Ali. Fils, maris, amis, pères, amants, tous avaient de belles vies avant leur incarcération arbitraire dans les prisons d’Assad. Ceux-là ont survécu. Des milliers d’autres, non…
MAKING OF
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